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Des populations soumises à une violence de masse: le génocide arménien

Vocabulaire

Une déportation: déplacement forcé d'une population vers une région isolée ou dans des camps.

Un génocide: mise à mort programmée, méthodique et organisée de tout un peuple en raison de son origine, de sa religion, de son appartenance ethnique ou culturelle

Doc.1- Affiche apposée à Trébizonde, printemps 1915.

« Nos concitoyens, les Arméniens, qui forment un des éléments des races de l'Empire ottoman, ayant adopté, depuis des années, à l'instigation d'étrangers, bien des idées perfides de nature à troubler l'ordre public ; ayant provoqué des conflits sanglants [...]. Ayant outre osé se joindre à l'ennemi de leur existence [la Russie], et aux ennemis actuellement en guerre avec notre empire, notre gouvernement se voit forcé prendre des mesures extraordinaires et de faire sacrifices, aussi bien pour le maintien de l'ordre et la sécurité du pays, que pour le bien-être et la conservation de la communauté arménienne. En conséquence, et comme mesure mise en vigueur pour durée de la guerre, les Arméniens devront être envoyés à des destinations qui ont été préparées à cet effet de l'intérieur des vilayets ; et il est rigoureusement enjoint à tous les Ottomans d'obéir de la façon la plus absolue aux ordres ci-après :

  1. Tous les Arméniens, à l'exception des malades, seront forcés de partir dans un délai de cinq jours date de la présente proclamation, par villages ou quartiers, et sous escorte de la gendarmerie.

  2. Bien qu'il leur soit permis d'emporter avec pour leur voyage, s'ils le désirent, les objets transportables leur appartenant, il leur est défendu de vendre leurs propriétés et leurs autres biens, ou de confier ces derniers à d'autres personnes car leur exil n'est que temporaire.»

D’après Gérard Chaliand, Le génocide des Arméniens, Bruxelles, Complexe, 1980, 192 pages, p. 132-134

Doc. 3- Le témoignage d’un militaire allemand. (Avril 1915).

« Kharpout est devenu le cimetière des Arméniens. Ils ont eu à y endurer de terribles tortures. D’’abord on arrêta les gens importants parmi les Arméniens. On recherchait des terroristes pro-russes. On les jeta en prison et on leur a arraché les cils et les ongles, on les a éventrés, leurs bourreaux leur coupaient les pieds ou y enfonçaient des clous à coup de marteau. Tout cela se faisait de nuit, afin que les populations turques ne pussent entendre leurs cris, on faisait stationner des soldats autour des prisons qui battaient du tambour et faisaient du bruit à l’aide de sifflets. Un vieux prêtre fut si cruellement torturé pour lui arracher un aveu que, espérant que son supplice cesserait et qu’on le laisserait tranquille, il s’écria dans son désespoir : « Je suis un révolutionnaire ! ». Les soldats turcs crièrent alors : « Que cherchons nous de plus ? Il nous le dit de ses propres lèvres. ». Mais au lieu de se contenter de tuer ces pauvres diables, ils firent arrêter tous les Arméniens sans exception. Les hommes furent séparés des femmes et des enfants, à qui on annonça leur déportation vers la Syrie. Aucun n’y parvint jamais. Les hommes furent tous exécutés peu après le départ des femmes. »

Publié dans Annick ASSO, Le cantique des larmes, La Table Ronde, 2005.

Doc. 4- Témoignage d’un enfant arménien déporté

J’aurais du être mort à l’âge de 9, 10 ou 11 ans, mais Dieu m’a gardé. Je vais vous raconter brièvement mon histoire. Je suis né à Amassia, au Sud de la mer Noire. En 1915, il y avait dans cette ville 38 000 habitants dont plus de 15 000 étaient des Arméniens (…). Ma famille était arménienne, nous étions cinq enfants, trois garçons et deux filles. (…)

Lorsque la guerre de 1914 fut déclarée, on mobilisa tous les Arméniens de 18 à 50 ans environ. C’est ainsi que mon deuxième frère de 19 ans parti sans retour. Quelques semaines après, les Turcs ont raflé tous les Arméniens qu’ils voyaient dans la rue, ils les ont emmené en prison sous prétexte qu’ils avaient caché des armes. Tous ces hommes ont disparu, un peu plus tard le reste des Arméniens reçu l’ordre de quitter la ville… C’était le 23 Juin 1915, et le début de notre exode…

J’ai quitté Amassia avec mon père malade, ma mère et mes deux sœurs. (…). L’exode est trop pénible à raconter, très peu comme moi ont survécu. Sous une chaleur de 30 à 40 degrés, les déportés affamés, assoiffés, dépouillés et épuisés par la marche, tombaient par milliers (…). Une femme s’est précipitée devant moi et s’est jetée à la rivière pour mourir, plus loin je l’ai vu emportée par le courant et accrochée à des tas de cadavres… Par endroit, l’odeur des morts était si forte que nous marchions la bouche ouverte pour respirer. Au cours de notre exode, une de mes sœurs fut enlevée par des Turcs, mon père assassiné. Au bout de trois mois de marche je n’oublierai jamais ce Kurde qui nous sépara de la caravane, loin de tout, et sous la menace de son couteau, il nous dépouilla ma mère et moi et partit avec ma sœur qu’on n’a jamais revue… Ma mère est morte huit jours après, de maladie et de chagrin, et j’ouvris mes yeux d’orphelin chez un Kurde. Il habitait dans un grotte ; je gardais ses chèvres les pieds nus, la tête nue et mal nourri : j’étais misérable…

D’après le témoignage de Papen Injarabian, devant le Tribunal des peuples,

cité intégralement sur le site www.imprescriptible.fr/

Activité

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